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Préraphaélisme

Le préraphaélisme est un mouvement artistique né au Royaume-Uni en 1848. Ce mouvement tient la peinture des maîtres italiens du xve siècle, prédécesseurs de Raphaël, comme le modèle à imiter.

 

L'histoire des préraphaélites débute avec la rencontre entre William Holman Hunt et John Everett Millais à la Royal Academy. Considérant que l'art anglais était sclérosé par le conformisme académique, ils souhaitaient retrouver les tonalités claires, vives et chantantes des grands maîtres d'autrefois.

 

Dante Gabriel Rossetti rencontra Millais et Hunt à la Royal Academy où, las des banalités enseignées, ils passaient leurs soirées à contempler un recueil de gravures des fresques du Campo Santo de Pise (réalisées par des artistes tels que Orcana ou Benozzo Gozzoli). En 1847, Hunt, Rossetti et Millais débattirent dans l'atelier de ce dernier, de l'une des œuvres les plus représentatives du talent de l'artiste Raphaël, La Transfiguration (Vatican, Rome). « Nous la condamnions pour son dédain grandiose de la simplicité et de la vérité, pour les poses pompeuses des Apôtres et les attitudes du Sauveur, contraires à une spiritualité vraie ». Ce tableau avait, à leurs yeux, marqué un pas décisif vers la décadence de l'art à l'époque de la Renaissance italienne.

 

Millais, Hunt et Rossetti fondèrent officiellement la confrérie en 1848, avant d’être rejoints par James Collinson, le sculpteur Thomas Woolner et les critiques d'art William Michael Rossetti et Frederic George Stephens, auxquels se joindront par la suite Walter Deverell, Arthur Hughes et Charles Allston Collins.

 

Les préraphaélites avaient, entre autres, pour dessein de rendre à l’art un but fonctionnel et édifiant : leurs œuvres avaient pour fonction d’être morales. Mais cela n’excluait pas leur désir d’esthétisme. Le but de ces artistes était de s’adresser à toutes les facultés de l’Homme : son esprit, son intelligence, sa mémoire, sa conscience, son cœur… et non pas seulement à ce que l’œil voit.

 

Les préraphaélites aspiraient à agir sur les mœurs d’une société qui, à leurs yeux, avait perdu tout sens moral depuis la révolution industrielle. Cependant, « il ne suffit pas que l’art soit suggestif, soit didactique, soit moral, soit populaire ; il faut encore qu’il soit national ».

 

Le sigle PRB (Pre-Raphaelite Brotherhood), par lequel ils signaient leurs tableaux durant leur période militante, fut employé pour la première fois sur le tableau de Rossetti, The Girlhood of Mary Virgin. Ce tableau devait être exposé à la Galerie chinoise de Hyde Park Corner où Ford Madox Brown, maître de Rossetti, avait déjà exposé. Ces initiales provoquèrent la colère d'un Royaume-Uni bien-pensant qui imaginait, derrière ces trois lettres, un sens caché, blasphématoire ou mystique.

 

À l'exposition de 1849 à la Royal Academy, les œuvres préraphaélites furent relativement bien accueillies. Cependant, le sigle PRB commença à intriguer la presse qui accusa les artistes de conspirer contre l'Académie et les qualifia de « membres de secte secrète pro-catholique ». A l'exposition de 1850, Millais exposa Christ in the House of his Parents, Hunt A converted British family sheltering a Christian Missionary et Rossetti présenta Ecce Ancila Domini. À cette occasion, Charles Dickens critiqua directement Millais, ouvrant les hostilités contre la confrérie.

 

Lors de l'exposition de 1851, les préraphaélites étaient de plus en plus critiqués : pour leur perspective, leur minutie, le peu de jeux d'ombres et de lumières. Millais présentait Mariana, Hunt Valentine rescuing Sylvia from Proteus et Rossetti Spectator. John Ruskin prit la défense de la jeune confrérie par deux lettres restées célèbres qu'il avait envoyées au magazine Times et qui permirent de réhabiliter la popularité des artistes. Au Salon de 1852, The Huguenot et Ophelia de Millais reçurent un succès important et Hunt triomphait avec The Light of the World.

 

Les préraphaélites vécurent l'apogée de leur triomphe lors de l'Exposition universelle de 1855 qui eut lieu à Paris.

 

1857 sonna le temps de la « victoire » mais également celui de la dislocation de la confrérie. Il arrêtèrent de signer PRB ; les peintres du début prirent des chemins différents : Woolner partit chercher fortune en Australie, Hunt voyagea en Palestine, Collinson se réfugia dans un couvent et Millais fut élu membre associé de la Royal Academy of Arts, tandis que Rossetti continua dans la veine archaïsante des premiers tableaux préraphaélites.

 

Après 1855, le « premier groupe » s'est désarticulé. Rossetti tenta de refonder la confrérie qui vit l’arrivée notamment d'Edward Burne-Jones et de William Morris. Mais ce qu’on nomme communément la « seconde génération » ne respectait plus aussi scrupuleusement le précepte de représentation fidèle de la nature

 

Beaucoup d'entre eux furent photographiés par leur contemporaine Julia Margaret Cameron, pionnière de la photographie, qui s'inspira de leur mouvement dans ses propres travaux.

 

Ce mouvement, qui fut pourtant de courte durée, eut une influence importante sur les mouvements artistiques du xixe siècle, particulièrement l'art nouveau et le symbolisme, grâce à des artistes comme William Morris et Aubrey Beardsley.

 

Dans son recueil de nouvelles Vieux New York, l'écrivaine américaine Edith Wharton évoque l'existence de ce groupe, sous forme de clin d'œil. Dans la nouvelle Aube mensongère, qui se déroule dans les années 1840, elle met en scène un jeune homme, parti en voyage en Europe, à qui son père confie la mission d'acheter quelques toiles de maîtres pour créer une galerie familiale. Le père, qui n'y connaît rien, se réfère à l'opinion des critiques contemporains et rêve d'acquérir un Raphaël. Mais le jeune homme se fait conseiller par de jeunes artistes rencontrés en Angleterre et en Italie, qui ne sont autres que Ruskin, Rossetti, Morris, Hunt et Brown. Le père, qui tient à posséder des toiles pour conforter sa position sociale aux yeux de ses invités, est furieux de ce choix car, à ses yeux, il est inutile de posséder des toiles dont personne ne connaît les auteurs. À la fin de la nouvelle, on apprend qu'il s'agissait d'une des plus belles collections de primitifs italiens du monde, retrouvée dans le grenier d'une descendante de la famille, ignorante de sa valeur.

 

En Italie, les spécialistes Gian Carlo Menis et Licio Damiani rattachent l'œuvre singulière et expressive de Tita Gori (1870-1941) aux divers courants nés du préraphaélisme de par sa charge religieuse, spirituelle, symbolique et poétique.

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